Interview alumni : Nadège BLAISONNEAU, maître d'apprentissage.

Découvrez Nadège BLAISONNEAU, éducatrice spécialisée depuis 15 ans au sein du centre départemental de l'enfance et de la famille du Maine-et-Loire. Elle a toujours voulu former les futurs professionnels du secteur social. Après de nombreuses années à accueillir et encadrer des stagiaires, elle a franchi une nouvelle étape en devenant maître d'apprentissage. Une mission qui lui permet d’améliorer son approche pédagogique et d'explorer de nouvelles manières d'accompagner la formation des jeunes travailleurs sociaux. Dans cette interview, elle revient sur son parcours, son engagement dans la protection de l'enfance et les défis liés à la transmission du métier.

Pouvez-vous vous présenter ? 

Je m’appelle Nadège BLAISONNEAU, je suis originaire d’Angers et je suis éducatrice spécialisée. Je travaille au centre départemental de l'enfance et de la famille, au village Saint-Exupéry, qui est le foyer du département du Maine-et-Loire, depuis 15 ans. Avant cela, j'ai travaillé dans l'éducation nationale et dans l'animation. J'ai fait ma formation d'Éducatrice Spécialisée à l'ARIFT à Angers en 2006-2009, puis ma formation de Maître d'Apprentissage à l'ITS de Tours de mars à juin 2024.

En quoi consiste le métier d'assistante socio-éducative ? 

Je travaille dans un établissement qui dépend du conseil départemental, je suis donc fonctionnaire. Mon statut est Assistante Socio-Éducative, et ma fonction est celle de coordinatrice de l'Assistance Éducative, du projet de l'enfant.Cela signifie que j’accompagne des jeunes dont le parcours a été difficile et qui ont été placés en foyer par décision judiciaire. Cela peut être une étape douloureuse pour ces enfants et ma mission est de les accompagner au mieux pour grandir et évoluer dans un cadre sain.

Avec 15 ans d'expérience en protection de l'enfance, j'ai toujours accueilli des stagiaires, éducateurs, moniteurs-éducateurs. Il y a eu de belles expériences et d'autres plus compliquées. J'avais envie d'accompagner différemment, sur du plus long terme. Mon quotidien est rythmé par l'accompagnement des enfants, la coordination avec les services sociaux et la gestion de leur projet de vie...

Nous accueillions souvent des stagiaires en troisième année, car nous accompagnons des jeunes placés par décision judiciaire. Je suis assez investie dans l'accueil des stagiaires au sein de mon institution. J'ai participé à l'élaboration d'un guide d'accueil et à des réunions de présentation. Depuis cette année, j'accompagne C. avec mon équipe. Après avoir travaillé quelque temps sur mon unité, avec de l'expérience mais sans diplôme, C. a choisi de se former au métier d'Éducatrice Spécialisée dans le cadre de l'Apprentissage. Soutenue par mon équipe, j'ai ainsi fait la demande pour devenir maître d'apprentissage. J'ai suivi la formation au printemps et j'ai été certifiée en juin 2024.

Qu'est-ce qui posait problème dans vos précédentes expériences de stage ?

Parfois, des stagiaires n'étaient pas prêts pour la protection de l'enfance. D'autres fois, nous avons accepté des stagiaires un peu par défaut, ce qui a pu mener à des expériences difficiles. Nous avons retravaillé notre protocole de recrutement pour insister sur l'importance de la rencontre entre le stagiaire et l'équipe.

Qu’est-ce que la formation vous a appris ? 

Cela m'a déjà permis de voir autre chose en termes d'institution de formation. J'avais l'habitude d'accueillir des stagiaires sans y avoir été formée, et c'était enrichissant de découvrir d'autres approches. La temporalité était idéale : trois sessions de deux jours avec un mois d'intervalle. J'ai appris de nombreux outils qui m'auraient été utiles pour accompagner mes stagiaires auparavant. Cette formation m'a permis de mieux comprendre la relation avec l'apprenant. Nous devons nous décaler du quotidien de notre travail avec les enfants pour nous concentrer sur l'accompagnement de l'apprenti.

Quelle a été la différence d’accompagnement entre les stagiaires et l'apprentie après votre formation à l’ITS ?

L'utilisation et l'appropriation des outils. J'ai toujours été rigoureuse, avec un certain rythme et des étapes claires : entretiens, bilans avec l'équipe, temps de travail. Mais aujourd'hui, je construis ce cadre avec mon apprentie. Il ne s'agit pas seulement d'un transfert de savoir de ma part, mais d'une véritable collaboration basée sur la confiance. Nous avons mis en place un outil commun de suivi. Cela permet d'établir une référence pour structurer son apprentissage et notre accompagnement.

Malgré ces outils, rencontrez-vous encore des difficultés au quotidien ?

C'est la première fois que je suis maître d'apprentissage, donc il m'arrive de devoir reprendre mes notes pour me réajuster. Cette mission s'ajoute à mon travail auprès des enfants, ce qui demande une organisation rigoureuse. Un des points sur lesquels je souhaite encore progresser est l'évaluation. Je suis à l'aise avec les entretiens et la gestion des écrits, mais l'évaluation formelle est un aspect que je dois encore travailler. Avec mon apprentie, nous nous auto-évaluons et j'attends également beaucoup de ses retours.

Que diriez-vous à un maître d'apprentissage qui hésite à se former ?

C'est un vrai métier ! Être maître d'apprentissage ne s'improvise pas. La formation apporte des connaissances sur le cadre juridique, pédagogique et méthodologique. Elle permet de structurer l'accompagnement et de garantir un cadre sécurisant pour l'apprenti.